15 décembre 2021

Chronique d’une Passionnée de recherche clinique en Afrique (3ème partie)

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Chers experts et collègues des essais cliniques,

J’aimerais faire une pause aujourd’hui pour partager avec vous quelques réflexions ? Des craintes ? Des défis ? A propos de ce « monde » que nous connaissons, que nous chérissons, qui a été et est encore en train de construire des essais cliniques.


Il y a un an, notre planète de 510 067 420 km2 (source : Wikipédia) a subi l’impact drastique d’un petit agent de 60 à 140 nm de diamètre (source : News medical). Si les dimensions précédemment citées peuvent être ironiques, d’autres chiffres sont tragiques.

COVID-19, quel nom ! Aujourd’hui, même nos grands-mères vivant dans des régions reculées, qui ne parlent que la langue locale et ne sont jamais allées en ville, non seulement connaissent parfaitement le « bonhomme « , mais ont vu leur vie impactée d’une manière ou d’une autre.


L’arène des essais cliniques n’a pas été épargnée. Auparavant, un CRA qui se rendait à une visite de contrôle de quatre jours se contentait de planifier sa visite, de la confirmer auprès du site et, éventuellement, d’ajouter deux jours en moyenne pour le temps de déplacement.


Aujourd’hui, même avec la meilleure planification possible, il/elle ne sera pas sûr(e) de pouvoir se rendre sur son site en premier lieu. Il/elle devra présenter un test COVID négatif pour pouvoir quitter son pays. Et dans de nombreux cas, un test négatif doit également être effectué à l’arrivée dans le pays du site. Si ce test est positif, le pauvre collègue devra être mis en quarantaine pendant 10 à 14 jours minimum dans un pays étranger, loin de sa famille et de ses proches. Ne parlons pas du fait qu’il ne soit plus asymptomatique…


A la fin de la visite, avec tout le stress que cela a pu représenter parfois, l’idée de rentrer rapidement chez soi n’a pas de prix pour un CRA. Encore une fois, aujourd’hui, ce n’est plus un chemin tout tracé. Il faut passer avec succès les « examens du COVID » (rappelez-nous l’école, peut-être ? !), avec des impacts parfois terribles : annulations de vols, retards, jours d’hôtel supplémentaires, quarantaine, etc.


S’il ne s’agissait que d’impacts logistiques… Mais cet agent de 60-140nm de diamètre a un impact sérieux sur le déroulement même et l’occurrence des essais au niveau mondial : personnel d’étude détecté positif, lancement des études retardé ou annulé, etc. Sans parler des impacts scientifiques et financiers de cette situation.


Ce n’est pas un secret, le monde que nous avons connu est en train de changer. Dans le concept actuel de pandémie, nous sommes tous obligés de repenser notre façon de travailler. Si ce n’est déjà fait. Certains d’entre nous ont décidé de rester complètement à l’intérieur, d’autres ont choisi de sortir avec de « nouvelles règles », d’autres encore n’ont pas beaucoup changé leur mode de vie…


Quelle que soit l’option que nous choisissons, la technologie et le travail à distance deviennent de plus en plus la norme. Il ne fait aucun doute que la technologie a apporté de formidables et bonnes choses à nos vies au fil des ans. Dans les essais cliniques comme dans de nombreux autres domaines, elle a rendu notre travail beaucoup plus efficace, et c’est toujours le cas. Le travail à distance a également été, à bien des égards, d’une grande utilité. Je ne serai pas celle qui s’en plaindra, surtout en tant qu’épouse et mère.


J’apprécie en effet à bien des égards ce nouveau monde du travail électronique. Mais voici la question que je me pose, cher et précieux lecteur, et que je partage avec vous : lorsqu’il s’agit de la sécurité des êtres humains et de l’intégrité des données, dans quelle mesure serons-nous capables d’agir « à distance », sans être physiquement sur place ? Combien sommes-nous prêts à « négliger » dans le processus ?
Vous, les experts en essais cliniques – en particulier ceux qui ont une expérience de terrain – comprenez certainement ce que je veux dire ici.


Je suis conscient que nous pouvons naturellement être réticents au changement, surtout lorsque ce changement se fait d’une « zone sûre » à une « zone inconnue ». Mais je fais partie de ceux qui croient que nous devons toujours changer le bien pour le mieux. La plupart du temps, le défi consiste à identifier ce qui est « meilleur ».


Nous sommes probablement – ou devrais-je dire certainement ? L’avenir nous le dira – à un carrefour important de la conduite et de la gestion des essais cliniques. Puissions-nous être suffisamment intelligents, sages, courageux et chanceux pour identifier la direction à prendre. Je ne doute pas que nous y parviendrons !


Je nous souhaite à tous et à toutes un choix réussi !

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